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Univers de Matsumoto
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Leiji, le flemmard de l'espace !
Leiji le flemmard de l'espace ! par DFEFR.
I-
Leiji le flemmard de l'espace - Part 1
II - Leiji le flemmard de l'espace - Part 2
Enfin la tant attendue deuxième partie du flemmard, celle qui se faisait tant attendre pour la simple et bonne raison que c'est dans cette partie que sera véritablement décortiqué, analysé, démystifié le style graphique sans pareil de Leiji Matsumoto, chose qui reste toujours inédite en France sauf ici, et grâce à l'extrême bonté de votre serviteur ici présent, qui ne demande qu'une chose qui est de partager avec les incultes que vous êtes sa science Leijitime et Bandessinesque, tout autant qu'il est un tant soit peu vrai que cette phrase devient longue.
Ainsi, après les décors, la mise en page générale de ses mangas, où tout n'était que prétexte à une lâche supercherie, où des pages et des pages d'étoiles sur fond noir succèdent à des pages et des pages de scènes d'amour torrides se déroulant dans l'obscurité complète, nous allons aborder la quintessence même de la flemmardise, celle qu'à côté la page d'avant n'était qu'échauffement pour le spécialiste qu'est Matsumoto.
Pourquoi Harlock est-il Harlock ? Pourquoi cette évolution dans ce personnage ? D'où vient cette si grande différence entre les nains et les belles blondes ? Des oublis qui ne sont pas des oublis et que l'on ne remarque pas, les secrets de certains personnages et de leurs vêtements, vous saurez tout cela dans :
Leiji : le Flemmard de l'Espace.
Part 2 : Personnages et Costumes
Commençons par un personnage que tout le monde connaît : Albator. Sur le pont de son vaisseau balafré, drapé de sa cape au coeur d'or, Harlock n'est pas celui que l'on croit... En effet, s'il est un personnage de l'univers de Matsumoto plus adapté que lui à sa main endolorie par les semaines de siestes, et ben ça m'étonnerait fort (bien sûr, ne le comparons pas avec un nain, les nains sont une espèce à part, on en parlera après).
Dans son genre semi-réaliste, Harlock est une sorte de summum évolutif de l'archétype total du domaine de la feignantise, tout aussi bien dans sa morphologie que dans sa façon excentrique de s'habiller. Harlock, l'ancêtre (en terme de manga paru avant) d'Harlock, rappelons-nous, avait son bandeau sur l'œil droit, sa mèche de cheveux rebelle à droite aussi
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Horreur ! Que Leiji n'avait-il pas fait ! Etait-il sous l'emprise de la boisson ? Toujours est-il que cette erreur monumentale serra vite corrigée, et dorénavant, bandeau et mèche seront inversés. Pourquoi ? Tout simplement parce que Leiji est droitier, et que dans ce cas, la partie gauche du visage est la plus fastidieuse à dessiner, aussi vaut-il mieux s'en débarrasser ainsi, subtil n'est-ce pas ? Malheureusement, c'est devenue une manie chez Leiji : on retrouve cette mèche providentielle chez beaucoup de personnages masculins (image ci-contre : Tadashi.)
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Alors là, il y va fort, l'œil droit n'est même pas dessiné alors que l'on aurait du en voir un bout, avec un morceau de visage avec). De même, et je viens de m'en rendre compte à l'instant même on voit très peu d'oreilles chez Matsumoto, une des partie du corps humain les plus rébarbatives à dessiner, tout simplement cachées par la chevelure opulente des hommes ou par les longues mèches chez les femmes. Si quelqu'un trouve une oreille, qu'il prenne contact avec moi.
Bref, toujours du point de vue physique : la cicatrice, symbole des souffrances passées et d'une certaine virilité, mais aussi astuce de flemmard. Cette cicatrice est un signe distinctif très marquant, si Harlock n'avait pas cette marque sur lui, pourrait-on vraiment le reconnaître ? Car on sait que les personnages de Matsumoto sont interchangeables, et ceci suffit simplement pour ne pas le confondre, en dehors bien sûr de ses habits.
Car les vêtements d'Harlock on aussi leurs spécialités feignantes, comme d'ailleurs beaucoup d'autres personnages : la grande cape noire, idéale pour les vues de dos, pour les scènes avec un peu de vent. La couleur n'est pas anodine vu qu'elle cache ainsi beaucoup de détails, et on sait que Leiji n'est pas avare de barbouillages en encre. Chez les personnages que l'on retrouve souvent, on aura souvent du noir : Emeraldas, elle aussi drapée d'une cape, dans Harlock Saga, cela sera encore plus flagrant (image ci-contre. Notons en passant que la cicatrice d'Emeraldas joue le même rôle que chez Harlock, avec en plus le petit crâne dans sa coiffure, ce qui fait qu'on ne peut pas la confondre avec sa sœur, ce qui ne manquerait pas d'arriver autrement), et bien sûr Maetel, entièrement dressée de noir dans Galaxy Express (une explication peut être proposée ainsi pour l'abandon du manga Maetel Legend : Maetel était sensée être habillée en blanc, d'où découragement total de la part de l'auteur). On peut trouver comme ça plein de détail dans les costumes des personnages principaux, on en verra quelques uns dans la suite de l'article.
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On continue avec Harlock, avec un autre détail important de son costume : le col. Les cols d'uniformes sont chez Leiji souvent imposants, et la plupart du temps de la même forme. Au début, ce col n'était rien d'autre qu'une partie de l'influence Franco-Européenne du XVIIIème siècle sur les mangaka qui abusent souvent d'uniformes de ce genre, mais là, astuce : le col est en fait une technique pour cacher la moitié du visage lors d'une vue de profil (image ci-contre). Tout ceci simplifie encore grandement la tâche ingrate du dessinateur. Le visage d'Harlock à gauche se limite donc à un oeil, une cicatrice et un nez. Cela ne choque pas à première vue, mais la répétition de ce phénomène n'est nullement innocente.
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Autre phénomène récurent : le profil, vue de gauche. Je pense que le simple fait de dire ces mots, s'il n'ont pas été éconduits par un certain cortège d'incompréhension de la part du lecteur, ont dû être la cause d'une multitude de sursauts intempestifs. Oui. Ces profils sont partout ! Dans une scène normale, quand le personnage entre en réflexion métaphysique profonde (image ci-contre), ou quand l'un interpelle l'autre, l'autre tournera la tête du côté gauche.
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Cela correspond entre autre à une convention due au sens de lecture japonais, mais aussi à la facilité de dessiner un profil gauche pour une main droite, de même la coiffure ample permet un dessin du profil beaucoup plus rapide, sans se préoccuper de la forme du crâne, le tout faisant un ensemble plus harmonieux, tout en étant d'une facilité déconcertante. Décidément, Leiji doit commencer à vous écœurer par toutes ces techniques dont il se sert vicieusement à son profit. Mais c'est loin d'être fini...
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Penchons-nous maintenant sur un autre personnage : celui du cyborg, ou plus particulièrement celui de Meeme. Pas de bouche, pas de pupille, pas de sourcils : le personnage inexpressif par excellence, donc l'un des personnages les plus aisés à dessiner sans réfléchir, et sans aucun effort surhumain nécessaire.
Soyons sérieux un instant, si c'est possible. Meeme est un personnage torturé, à la vie brisée, on peut facilement voir que ce type de physique est adapté à sa condition : plein de mystère et de poésie, elle est l'image même que ce fait Leiji de la femme. La forme générale du corps des femmes de Matsumoto sont aussi à cette image. Ils ressemblent beaucoup à une simple esquisse (image ci-contre : le nombril n'est qu'un point, les seins sont seulement esquissés, toujours dans une vue de mystère gardé, mais aussi simplification du corps dans un but de moins en faire, but qui semble-t-il devient de plus en plus vital au fil du temps pour l'auteur).
Autre détail aidant le dormeur de nature innée : ces yeux sans pupille, inexpressifs donc, mais tant que l'on pourrait croire, car c'est nous-même qui visualisons cette expression en fonction de l'environnement et des paroles des personnages. Comme on ne peut pas voir où porte son regard si elle est seule, un détail, un objet ou une personne et la position de la tête y remédie.
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Leiji, dans sa fumisterie habituelle nous propose un article de choix : le capitaine Okita. On peut voir dans l'image, outre le sempiternel profil gauche des détails choquants (fermez les yeux si vous ne les avez pas déjà remarqué), (ah au fait, on voit une oreille, honte à moi, mais le col en cache la moitié).
Ainsi, la casquette cache à nos yeux le regard du capitaine, et ce dans une image sur deux environ, sans compter que la barbe et la moustache cachent la bouche : expression en moins, dessin plus facile. Si les armes héraldiques de Leiji existent dans une quelconque archive nationale, ces mots en seraient certainement la devise (en latin pour faire joli). La barbe se retrouve aussi chez le dieu Wotan dans Harlock Saga.
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Vous avez dans l'image de Yattaran ci-contre un exemplaire représentatif du nain hideux à lunettes, de profil gauche sans oreille. Beaucoup de choses à dire. Notons en premier : les lunettes (qui ne sont absolument pas sujettes aux plus simples lois de la perspective, mais pourquoi ?), et bien les lunettes sont une excuse bien connue pour ne pas dessiner les yeux, ou ici juste deux ronds, même si Leiji le fait même sans les lunettes. Remarquez comment la bouche n'altère pas le profil : pas de gommage ou de mouvement manuel inutile, ça ressemble un peu à une figure de pâte à modeler où l'on colle la bouche. Les trois petits traits sur la joue ont pour effet diabolique de faire encore croire au travailleur acharné (est-ce seulement possible ?).
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Attaquons-nous au mythe directement par la racine (avec un bon insecticide). Nains à lunettes et femmes longilignes sont les deux clefs majeures du style Leiji.
On va tenter une explication plus ou moins scientifique. Car le fait est qu'une explication s'explique : on ne trouve chez Leiji que, soit l'extrême laideur, soit l'extrême beauté, or ces deux extrêmes sont les plus faciles et rapides à faire car cette beauté n'est que critères mathématiques, de symétrie et de proportions, celle-ci correspondant naturellement au taux d'hormones chez l'homme ou la femme.
Il ne reste plus à Leiji qu'à "cloner" ses personnages sur un modèle, en les différenciant par une cicatrice. Quant aux nains hideux, la technique consiste à faire du n'importe quoi, suivant le style qui lui est propre : avec la figure ronde, ou avec la lèvre boursouflée (image ci-contre : cette bouche fait ressortir l'effet asymétrie et donc la laideur), aussi ne nous étonnons pas de voir ces deux types de personnages.
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Les nains aux formes rondes sont souvent les personnages les plus attachants et les plus présents (Toshiro, Tetsuro ci-contre), ils sont très rapides à dessiner : trois courbes, cinq traits, quelques coups de pinceaux barbés d'une couche plâtreuse d'encre de chine, et le personnage entier par lui même est terminé : on ne passe pas de temps pour la forme de la tête : on met un chapeau, on se débarrasse du corps grâce au fameux poncho qui ne laisse passer que les mains, et voilà !
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Dans chacun des personnages de Leiji qui tend un peu à reparaître souvent, on n'aura pas loin à chercher le truc du flemmard, un exemple flagrant (encore un diriez-vous), est celui du contrôleur du Galaxy Express.
Certes, on voit ses bras et ses jambes, mais sa longue veste d'uniforme est là pour cacher ce qui est un peu trop fastidieux à faire, et surtout, le "truc de la casquette d'Okita" est poussé ici à son paroxysme, on ne voit jamais le visage du contrôleur, mais alors jamais, et même si c'était possible, son col nous empêcherait de voir.
Voilà comment on invente l'un des personnages les moins douloureux pour le poignet et les plus pittoresques.
Autre truc immonde utilisé aussi en BD européenne : l'absence de bouche (image ci-contre). Que c'est facile comme ça ! Et n'allez pas dire que c'est la faute de l'imprimeur, c'est bien fait exprès, et en plus ça ne dénature pas trop le visage, c'est fou. De même plus la bouche est petite, plus c'est facile, aussi la fine bouche des personnages féminin n'est encore pas là par hasard, mais il s'agit bien encore de quelque chose de calculé.
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Vous avez du, en tant que lecteurs assidus et passionnés que vous êtes des manga du maître (sinon je ne vois pas qu'est-ce que vous viendriez faire ici, si ce n'est pour comprendre la subliminalité intrinsèque du dessin pseudo-psychédéliquement mal fichu de Matsumoto), vous avez du remarquer, c'est la façon particulière qu'il a de dessiner les mains : large et aux doigts assez larges (souvent à cause d'un gant), on voit aisément en quoi il est moins difficile de dessiner de telles mains (ci-contre : celle d'Harlock que vous avez du reconnaître à un détail). Au contraire, les mains fines et improbables des femmes sont aussi une technique d'amélioration de vitesse, car les doigts (s'il ne sont pas vus de trop près) ne consistent plus qu'en un alignement de traits noirs.
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On peut continuer d'être vicieux en disant que même le cosmo-gun possède une forme plus pratique au dessin que s'il en avait une plus proche de nos armes contemporaines, mais on va s'arrêter là en notant juste que le truc le plus usité par Leiji est sûrement celui de laisser quelques fois des dessins immondément ratés, au milieu d'autres "parfaits", et il croit encore que ça va passer, l'imbécile (exemple ci-contre : horrible n'est-ce pas ?), car une chose est sûre, il est plus difficile de rater complètement un nain déjà hideux au départ.
Mais ne soyons pas difficiles, que nous reste-t-il ? Des vaisseaux et des décors parfois magnifiques, et parfois pas de lui, même si un vaisseau peut être beaucoup plus facile à faire qu'un visage.
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Voilà, vous savez maintenant que même en étant feignant, on peut avoir un style bien à soit et qui ait un succès fou !
Réferences ( © Leiji Matsumoto) : Captain Harlock, versions japonaise ; française ; espagnole, Galaxy Express 999, versions japonaise ; française, Harlock Saga, versions japonaise ; française, Maetel Legend, version japonaise, Uchuu Senkan Yamato, version japonaise.
Merci DFEFR.
Le début :
Leiji le flemmard de l'espace - Part 1
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