D’ou vient le nom Harlock ? pourquoi n’a-t-on plus vu l’Arcadia bleu d’Albator 78 dans les nouvelles séries du pirate de l’espace ? quels liens étroits existe-t-il entre Harlock et Tochirô ? Chacun d’entre vous s’est déjà posé ces questions. Cette nouvelle rubrique consacré à l’univers de Leiji Matsumoto, et plus précisément aux explications auxquelles vous n’avez jamais eu droit, va tenter de nous apporter quelques réponses à toutes ces questions énigmatiques ! Voici donc la première série d’explications, les autres suivront au cours des prochaines mises à jour ! L'équipage SSX remercie personnellement Watcha de Tokinowa qui nous offre l’occasion de faire partager toutes ses informations captivantes sur le multi-vers de Leiji Matsumoto !

L’univers de Matsumoto

Uchû Kaizoku Captain Harlock, produit en 1978, signe le début du boom des animés de Leiji Matsumoto, aidé au passage par le trépidant succès de Space cruisader Yamato, série qui avait connu des déboires télévisuels en 1974 et qui est devenu un véritable phénomène de société en 1977 grâce à une réédition cinématographique d’Incassi Record. Six mois après le début des aventures du pirate de l’espace débute la longue série Galaxy Express 999 (113 épisodes) suivi de deux films en 1979 et 1981. Cet animé narre le long voyage dans l’espace du jeune Tetsuro qui cherche à obtenir à tout prix un corps mécanique, accompagné dans sa quête par la mystérieuse voyageuse Maetel. Au cours des péripéties du Galaxy Express 999, Harlock et l’équipage de l’Arcadia font des apparitions brèves mais décisives. On apprendra au passage qu’Harlock est un ami du père de Tetsuro. La femme pirate Emeraldas, amante de Tochirô, est un personnage important dans cette œuvre, même si pour connaître les détails des liens qu’elle entretient avec Maetel, il faudra attendre 2001 avec la sortie vidéo de Maetel Legend, véritable anneau manquant de l’intrigant univers de Matsumoto. Harlock ne redeviendra un personnage principal qu’en juillet 1982 avec le long métrage l’Atlantis de ma Jeunesse. Ce film narre les évènements qui vont amener à la construction de l’Arcadia et le spectateur découvre comment Harlock, alors commandant du vaisseau Ombre de la Mort, perd un œil et l’unique amour de sa vie. Au film fait suite, trois mois plus tard, Mugenkido SSX, une série de 22 épisodes, réalisée avec un grand soin, et qui débute exactement à partir de la fin du film pour se terminer à la mort de Tochirô. Harlock a un passé beaucoup plus insoupçonnable que ce que nous raconte les versions animées. Il est en fait le plus vieux personnage sorti de l’imagination de Leiji Matsumoto et il a pris forme au fur et à mesure d’un long processus créatif.

Uchû Kaizoku Captain Harlock (Albator 78)
Arcadia of my Youth
Mugenkido SSX (Albator 84).
Galaxy Express 999.

Les origines

Leiji Matsumoto est né à Kyushu en 1938 et peut se vanter d’une longue carrière en tant que dessinateur. Alors qu’il a seulement 10 ans, un de ses dessins est publié dans un quotidien local et il signe ses débuts professionnel en 1954, à seulement 16 ans. Juste avant, il avait réalisé une multitude de petites histoires amateurs et c’est justement dans une de ces histoires qu’apparaît, pour la première fois, un personnage avec un grade de capitaine et un nom qui a nos oreilles sonnerait plus comme Haarok. Au départ, il s’agissait d’une expression entre garçons habituellement utilisée par Leiji Matsumoto, mais le son de ce mot lui plaisait tellement qu’il a décidé de l’utiliser pour le nom de son personnage. Le prototype du pirate est né plus tard, dans une histoire amateur de 1953, Bokenki (journal d’aventures) où le pirate Kingston, au service de la reine d’Espagne, combat les anglais dans le pacifique.

La biographie de Leiji Matsumoto.

Docteur Harlock

Avec ses débuts professionnels, le nom d’Harlock et le personnage du pirate vont mener une vie parallèle. Dans Kosoku Esper (Esper à la vitesse de la lumière, 1968), par exemple, un lugubre docteur Harlock gouverne le système solaire, mais son aspect physique rappelle plutôt l’aspect qui sera celui de Doppler dans Danguard. Dans Tomin Wakusei (planète en létargie) de 1968 apparaît un personnage du nom d’Harlock, qui si toutefois n’est pas véritablement semblable à notre pirate car privé de sa cicatrice et de son bandeau sur l’œil, est pilote d’une navette spatiale et a un ami bigleux et de petite taille, évident prototype de Tochiro. En 1969, avec la courte histoire Pilot 262, on découvre le major Walter Von Harlock, pilote du bimoteur à réaction Messerschmitt 262 durant l’ultime phase de la seconde guerre mondiale. Il s’agit d’un prototype de Phantom F. Harlock II, l’ancêtre allemand du captain Harlock qui apparaît dans Waga Seishun no Arcadia. Un Phantom Harlock, capitaine et pirate, fait son apparition dans Daikaizoku Harlock (le grand pirate Harlock, 1970) mais périt dans une attaque présumé suicide contre les forces de la fédération terrestre qui l’ont trahi. Deux années plus tard se forme le couple Harlock – Tochirô dans le western Gun frontier (devenu également une série animée en 2002). Le nom de notre protagoniste est dans cette œuvre Western Franklin Harlock Junior et il est pistolero. L’ambiance Western deviendra une constante de tous les flash back dédiés au couple, également lorsque leurs aventures prendront place dans l’espace.

La génèse d'Harlock.
Gun Frontier.

Pirate Spatial

En fait, un Capitaine Harlock avec toutes ses cicatrices, son bandeau sur l’œil et sa tête de mort aurait du également apparaître dans la série animée Space Cruisader Yamato (Matsumoto est entré dans le staff en mai 1974). Mais peu de temps avant la première diffusion, le personnage se transforme en Mamoru Kodai, le frère aîné du protagoniste Susumu. Dans la version papier, publiée en 1975, Matsumoto insistera sur son idée ; le Yamato est sauvé par un mystérieux pirate dont le corps est quasiment entièrement recouvert de partie mécanique et qu’on présume être Mamoru Kodai, donné pour mort dans la bataille. En 1975 débute la publication de Diver 0, avec un Harlock pirate et une planète décisivement similaire à Ramethal, la patrie de Maetel. L’androïde Diver 0 jure vengeance contre le genre humain mais Harlock lui fait découvrir un ennemi beaucoup plus terrible et dangereux, et l’invite à combattre avec lui sous la bannière de la liberté. Le nom du protagoniste, prononcé en japonais, à une sonorité proche de Daiba. C’est aussi la première fois qu’apparaît Mime au coté d’Harlock, mais l’histoire restera incomplète. En 1977, avec Uchû Kaizoku Captain Harlock, on retrouve Harlock en pirate spatial, et c’est cette œuvre qui servira de base à la série animée de 1978. Par ailleurs, dans la version animée fut ajouté le personnage de Mayu, fille de Tochirô et Emeraldas, provocant ainsi la protestation de nombreux fans.

Albator 78 de son nom original Uchû Kaizoku Captain Harlock.

Le rêve de Tochirô

Mais qui est donc Harlock ? Leiji Matsumoto affirme qu’il a insufflé à son personnage les qualités des amis qui l’ont accompagné tout au long de sa vie. C’est l’amitié sans réserve entre Harlock et Tochirô, dans l’infini recherche de leur utopie, qui est évidemment l’axe principal du monde du Pirate de l’Espace. Matsumoto nous révèle qu’en réalité Tochirô et Harlock sont deux manifestations du même esprit, et que lui même est à considérer comme un de leur compagnon de voyage, invisible. Une petite vérité peut être trouvé dans un vieux manga sorti en 1972 et intitulé Shishunki 100 man – Nen Gun Frontier (Un million d’années d’adolescence – Gun Frontier). Dans ce prototype de Gun Frontier, le lycéen Futoshi Adachi, petit et bigleux comme Tochirô, originaire de Kyushu comme Matsumoto, habite la grande métropole Tokyo où il mène une vie de restriction économique. A chaque fois qu’il s’endort, il tombe dans une sorte de catalepsie et dans son monde de rêves, il assume l’identité de l’invincible pistolero d’origine allemande Walter Von Harlock.